HISTOIRE DE L'INSTITUTION SAINT-JACQUES
HAZEBROUCK ENTRE 1893 et 1993
d'après le livre de Roger Renou:"Une histoire centenaire"
année 1893
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LA
CONSTRUCTION DE L’ÉDIFICE LA
VISITE DE MONSEIGNEUR SONNOIS
Les travaux ayant été interrompus depuis la mi-décembre 1892, ils reprirent le
15 février 1893 pour
ne plus s’arrêter car pas une goutte d’eau ne tomba jusqu’à la fin des
travaux. Un mois après la reprise déjà le gros oeuvre sortait de terre, et en
ville et dans toute la presse, il n’était question que du gracieux effet que
produisait le collège Saint-Jacques.
Le 15 mai 1893 le gros oeuvre est
pour ainsi dire achevé. La façade et les pignons rappellent ce beau style
flamand suivant les uns, espagnol suivant les autres, qui impressionne si
agréablement dans plusieurs villes du Nord de l’Europe. On ne saurait trop
féliciter les membres du bureau de la société anonyme Saint-Jacques et son
directeur qui ont fait un si bon emploi des fonds qui leur ont été confiés
par les souscripteurs.
Le collège Saint-Jacques,
indépendamment de son utilité comme établissement d’enseignement
secondaire, aura sa place marquée parmi les plus beaux édifices du pays. Et
déjà, les étrangers qui visitent Hazebrouck ne se contentent plus d’admirer
la flèche de l’église et la façade des Augustins, ils poussent jusqu’au
nouveau collège et ne regrettent pas leur démarche.
Les travaux allaient bon train,
le deuxième étage était en construction, quand on apprit que Monseigneur
SONNOIS évêque de Cambrai viendrait en mai 1893 pour visiter cette nouvelle
construction.
On appelait ce secteur de la ville d’Hazebrouck le quartier du nouveau collège et ce fut le 28 mai 1893 que Monseigneur vint visiter la nouvelle construction après être passé par Saint-François. Dés que les ménagères apprirent la visite, elles ornèrent aussitôt leurs pauvres maisons de verdure et de bouquets, on ouvrit portes et fenêtres, on étala les chandeliers et les fleurs, comme on faisait pour le passage du saint-sacrement, on se mit à balayer la rue et à la joncher de feuillage.
De bonne vieilles dames qui ne
pouvaient plus aller à l’église s’assirent sur le pas de leur porte
attendant le passage de Monseigneur.
Monseigneur, accompagné de son
frère et de l’Abbé
DENYS, arriva à pied, vers 9h30. Il bénit les enfants,
s’approcha des pauvres, leur donna son anneau à baiser. Ce fut dans tout ce
petit quartier une joie sans pareille.
Devant la façade du nouveau collège, Monseigneur reçut les hommages des patrons et des ouvriers : ils étaient rangés en cercle et se mirent tous à genoux pour recevoir sa bénédiction. Monsieur l’Abbé LEMIRE présenta à sa Grandeur Monsieur DEHAINE, membre du bureau de la société anonyme de l’institution Saint-Jacques, Monsieur DERAM, directeur des travaux, Messieurs les entrepreneurs de la maçonnerie, Charles PETITPRE, et Marie représentant la maison DUFOUR, Messieurs les entrepreneurs de la charpente Charles-Louis COEVOET et Monsieur Auguste VANDEWALLE propriétaire du terrain sur lequel était construit le collège, puis les divers groupes d’ouvriers rangés par métiers : les couvreurs, les zingueurs, les plafonniers, les tailleurs de pierre, les terrassiers.
Quand Monseigneur arriva devant
les ouvriers, deux d’entre eux, le plus ancien des maçons et le plus ancien
des charpentiers, se détachèrent du cercle et offrirent à sa Grandeur, au nom
de tous leurs camarades, l’un un superbe bouquet et l’autre une belle
photographie des travaux , oeuvre de notre vieil artiste local Monsieur LATARGET.
Au bas de la photographie il y
avait cette inscription:
Les ouvriers employés à la construction du collège Saint-Jacques offrent à Sa Grandeur Monseigneur SONNOIS, archevêque de Cambrai leurs souhaits de bienvenue et leur respectueux hommages.
ÉTAT
DES TRAVAUX LE 31 MARS 1893
Monseigneur fut très touché et
visiblement ému en recevant le cadeau de ces braves gens. Il demanda leurs noms
et leur dit : « Je vous remercie mes chers amis; je vous enverrai
mon portrait. » En ce moment les camarades enviaient le sort de VERLYCK,
le vieux maçon et de HAEUW, le brave charpentier.
Monseigneur entra dans les constructions, jeta un
coup d’oeil sur le réfectoire, sur les cours, et les futures classes, loua
beaucoup l’idée qu’on avait eue à Saint-Jacques de n’être point
vulgaire, de faire revivre le vieux style du pays; il remarqua les pignons, les
beaux châssis flamands, et dans la cour embrassant du regard la façade de
Saint-François, celle de l’école Saint-Vincent
et celle de l’orphelinat, et les jolies lucarnes de Saint-Jacques, Sa Grandeur
dit en s’exclamant :
« Mais c’est le
quartier latin, le beau quartier latin d’Hazebrouck ! Il est bien désirable
qu’on n’intercepte point la vue et qu’on laisse toutes ces maisons se
regarder ainsi ! »
En revenant sur la rue,
Monseigneur groupa de nouveau les ouvriers et les patrons. Il les félicita de
leur beau travail, des bonnes conditions où il était fait, sans qu’aucun
accident n’eut contristé un corps de métier, exprima son bonheur de voir qu’à
Hazebrouck on comprenait la liberté et qu’on savait la payer, et puis
Monseigneur promit qu’à la fin des travaux on donnerait un petit régal en
son nom.
Monsieur l’Abbé LEMIRE remercia Monseigneur au nom du comité de direction, au nom des patrons et des ouvriers, et invita Sa Grandeur à repasser de nouveau quand le bâtiment serait achevé pour lui donner une bénédiction solennelle.
Un échange de propos, suite à
cette invitation, eut lieu entre Monseigneur et Monsieur l’Abbé Lemire:
- Aurez-vous fini pour le mois
d’octobre et serez-vous installés ?
- Oui, Monseigneur, nous l’espérons,
on travaillera en conséquence.
- Eh ! bien, je m’arrangerai
pour venir.
Monsieur l’Abbé DENYS, le futur supérieur de l’Institution prit acte de cette bonne parole et exprima ses remerciements personnels : Et tout le monde cria : « vive Monseigneur ! » et le prélat escorté par les habitants du quartier de l’artilleur qui avaient jeté sur ses pas toutes les fleurs boutons d’or de la prairie voisine, s’en alla.
Monseigneur avait particulièrement insisté sur ce point qu’Hazebrouck possède tant d’oeuvres dues à l’initiative privée et à la générosité des vieilles familles du pays soucieuses d’attacher leur nom à quelque entreprise utile. Chemin faisant, il exprima l’espoir que dans le nouveau collège la maison de Dieu ne serait point oubliée.
On était convaincu, qu’avant le retour du prélat et pour que la bénédiction soit vraiment complète, la chapelle serait construite et, que, grâce aux mains diligentes des bonnes dames d’Hazebrouck et des artistes de nos ateliers d’église, elle serait ornée et meublée .
AUTORISATION
D’OUVERTURE DU COLLÈGE SAINT-JACQUES
Le 18 août
1893, Monsieur l’Abbé
Denys est autorisé par l’académie à ouvrir le nouveau collège
Saint-Jacques ; ainsi tombent les craintes chimériques que certaines
personnes s’obstinaient à nourrir contre toute évidence et qui leur
faisaient vaguement redouter encore des difficultés d’ouverture.
Avant d’annoncer cette bonne
nouvelle aux familles des futurs élèves, une délégation d’élus locaux
visitèrent l’établissement et tous furent d’avis qu’il était superbe,
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Par sa situation au milieu
de vastes terrains libres de toute construction il appartenait à la campagne
dont il aurait le grand air avec tous les avantages, et, par la proximité, il
appartenait à la ville dont il aurait toutes les commodités.
Tout est réussi : le plan
qui a prévu toutes les facilités possibles pour les divers genres de services,
la distribution des locaux aménagés d’une manière admirable pour une maison
d’enseignement : classes parquetées, dortoirs garnis de ventilateurs
mobiles à volonté, peintures et fresques y font le plus grand honneur à nos
ateliers d’Hazebrouck ; les cours, enfin , vastes et régulières sont
conçues pour permettre la surveillance des élèves.
Construit et couvert sans qu’il
tombe une goutte de pluie, l’établissement est absolument sec partout.
LE
DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 1893, FIN DES TRAVAUX A SAINT-JACQUES
ET INAUGURATION
C’était la fête ce dimanche
après-midi, à Saint-Jacques. Monsieur l’Abbé Denys supérieur et ceux qui
avaient dirigé d’une manière générale les travaux avaient tenu à se
réunir une dernière fois avant la rentrée scolaire et tout le personnel qui
avait été employé à la construction et à l’aménagement de la nouvelle
institution y était invité comme l’avait promis Monseigneur Sonnois pendant
sa visite quelques mois plus tôt.
A cinq heures précises, après les vêpres du dimanche, plus de trois cents personnes se pressaient autour d’une immense table dressée sous les vastes préaux qui entourent les cours des futurs élèves.
Monsieur le chanoine Salomé,
doyen de la paroisse Saint Eloi, qui laisse à la ville d’Hazebrouck comme
souvenir de son jubilé sacerdotal un superbe édifice et une institution
éminemment catholique, rehaussait par sa présence cette fraternelle rencontre
autour d’un bon repas.
A ses côtés avaient pris place
Monsieur l’Abbé Denys supérieur de l’établissement, l’Abbé Lemire,
député, Monsieur Degroote conseiller général du nord, Messieurs Dehaine et
Piel membres de la société anonyme, Monsieur Deram directeur des travaux et
les principaux entrepreneurs.
Dans une allocution chaleureuse,
Monsieur le Doyen félicita tous ceux qui avaient pris part à la construction
du collège. Il fit remarquer avec raison que tous, directeurs des travaux,
entrepreneurs et ouvriers avaient rivalisé de zèle et de courage pour faire
sortir du sol en moins d’une année un établissement qui serait l’honneur
de la ville, et il remercia tous ceux qui, par leur souscription, avaient rendu
possible son exécution. A très juste titre Monsieur le doyen accorda une
mention toute spéciale à Monsieur Deram directeur des travaux, qui avait su
conduire cette grande entreprise.
A son tour Monsieur l’Abbé
Denys dans un toast plein de coeur et d’entrain, se fit l’interprète de
toute l’assistance en remerciant Monsieur le Doyen de la nouvelle marque de
sympathie qu’il donnait à l’Institution Saint-Jacques en venant présider
ce repas des ouvriers. Ensuite, dans un langage plein d’à-propos, il proposa
de boire à la santé de ses hôtes, ces travailleurs de tous métiers qui
seraient remplacés demain par une jeunesse elle aussi entièrement consacrée
au travail.
Il est inutile d’ajouter que l’entrain
et la cordialité la plus franche n’ont cessé de régner pendant toute la
durée du repas coupé par de joyeux refrains.
Une véritable ovation fut faite à différentes reprises à Monsieur l’Abbé Lemire, lorsqu’il parcourut les groupes de patrons et d’ouvriers : chacun tenait à lui exprimer sa sympathie et à lui témoigner sa reconnaissance pour les bons procédés dont il avait usé envers chaque corps de métier. Vers sept heures du soir, tout le monde se sépara dans le meilleur ordre, enchanté de cette cordiale réception.
MONSIEUR
L’ABBE DENYS PREMIER SUPÉRIEUR DE L’INSTITUTION
1893 - 1900
Monsieur l’Abbé DENYS ancien
supérieur de l’Institution Saint-Joseph à Gravelines, avait d’emblée
répondu favorablement à l’appel de Monsieur le Maire d’Hazebrouck en 1891
quand il s’est agi de remettre en marche le collège communal que celui-ci
avait appelé « Collège Saint-Jacques ».Monsieur L’Abbé DENYS se
prédestinait sans le savoir, à devenir un jour officiellement le premier
supérieur du nouveau Saint-Jacques mais cette fois-ci avec une certitude de
pouvoir mener à bien son oeuvre.
Monsieur l’Abbé DENYS Ernest est né à Bergues le 12 novembre 1843 ; ordonné prêtre à Cambrai le 2 juillet 1912 ; professeur à Gravelines, Saint-Joseph en 1870, puis au Petit-Séminaire à Hazebrouck en 1875 ; Supérieur de l’Institution Saint-Joseph, à Grave-lines en 1877 ; curé de Renescure en 1883 ; aumônier du pensionnat de la Sainte-Union, à Hazebrouck, en 1891 ; premier supérieur de l’Institution Saint-Jacques, à Hazebrouck, en 1893 ; aumônier des Soeurs de N.-D. de la Treille, à Lille, en 1900 ; chanoine en 1914 à Lille, il y est décédé le 5 novembre 1918 à l’âge de 75 ans.
LA
PREMIÈRE RENTRÉE SCOLAIRE AU COLLÈGE SAINT-JACQUES
Celle-ci avait été fixée dés
le mois d’août suite à la parution de l’autorisation d’ouverture du
collège : la rentrée aurait lieu le deux octobre 1893 pour les internes
et le trois pour les demi-pensionnaires et les externes.
Des prospectus furent envoyés à toutes les personnes qui en firent la demande et, dès les semaines qui suivirent, le nombre d’inscriptions enregistrées laissait présager du succès considérable du collège Saint-Jacques dés le mois d’octobre suivant, car chacun savait que, sous l’habile direction de Monsieur l’Abbé Denys, dont la réputation n’était plus à faire, les études seraient menées avec vigueur et sérieux dés la rentrée.
Cette première rentrée scolaire eut lieu comme prévu. Treize professeurs, tous prêtres, attendaient ces jeunes garçons ; l’effectif fut de 82 élèves, dont 34 pensionnaires et 48 externes.
Les élèves étaient répartis
en neuf classes dont les effectifs variaient de cinq à quatorze élèves par
classe comme l’indique le tableau ci-dessous:
La classe de 5è A avec cinq élèves,
La classe de 5è B avec dix élèves,
La classe de 6è A avec cinq élèves,
La classe de 6è B avec neuf élèves,
La classe de 7è A avec sept élèves,
La classe de 7è B avec onze élèves,
La classe de 8è avec huit élèves,
La classe de 9è avec quatorze élèves,
La classe de 10è avec treize élèves,
Cette première rentrée scolaire à Saint-Jacques se déroula on ne peut mieux,
et déjà les élèves, dans leur uniforme casquette et vareuse à boutons
dorés, ressentirent une certaine fierté à l’idée de s’instruire dans une
grande maison , déjà réputée grâce à l’autorité et au dévouement de
son directeur.
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